Millevaches 2022


Ça ne t’es jamais arrivé de dire « ok, j’y vais ! » mais de ne pas savoir vraiment dans quoi tu te lances ? On se comprend…

Depuis le mois d’août, je prépare cette sortie et comme pas mal de « primo-millevacheux », on s’en pose des questions…. J’ai donc évité de poser sur facebook les questions pour lesquels les réponses sont déjà sur le site du Mc Meymacois, organisateur de l’évènement et fort de ma première immersion en grand froid l’année dernière, avec la prudence imposée par le gros pêt de santé qui a suivi, mon objectif était clair : Faire le bozo dans le froid, c’est une chose qui est sûrement à découvrir, prendre de vrais risques pour ma santé, non.

J’ai donc pioché tous les bons conseils utiles pour un bivouac hivernal, un peu inquiet sur tout, que ce soit un risque de froid intense, des routes eneigées… Je te livre une sorte de règles élémentaires :

  • Utiliser des couvertures de survies pour s’isoler du froid, dessous et dessus
  • Utiliser 2 sacs de couchage, un « normal » mis dans un « grand froid »
  • Toujours avoir un jeu de fringues secs
  • Ne surtout pas transpirer (adapter le nombre de couches de fringues)
  • Bien manger
  • Boire modérément (l’alcool inhibe la sensation de froid, du coup, c’est l’hypothermie sans s’en rendre compte…)

L’échange entre futurs participants étant assez …dynamique sur la page des amis des Millevaches, syndrome facebook, les gens détestent lire les réponses exitantes et posent tous les même question… j’y ai proposé un départ de Niort, devant récupérer Thierry sur Melle afin que nous fassions la route ensemble. Un grand gaillard moustachu complète l’équipe pour les quelques centaines de kilomètres qui nous emmènent à Meymac.

Arrêt pizzéria à Limoges. Nous voyons depuis notre départ de plus en plus de moto converger vers le limousin mais après Limoges, difficile de penser qu’il ne se passe pas quelque chose dans cette direction ! Le paysage change, la météo est clémente, c’est de la balade tranquille.

A Meymac, nous devons retirer nos pass pour accéder au site qui est à Millevaches : On commence à voir un peu de tout comme 2 roues, du 103 peugeot au side Zeus. L’inscription, c’est l’occasion aussi d’acheter quelques goodies, des jetons, les fameuses « vaches » qui servent de monnaie d’échange pour l’abreuvoir, l’accueil par les bénévoles est chaleureux, tu sens déjà que tu es entre de bonnes mains ! On sort de là comme des vainqueurs de la fête foraines avec nos petits bibelots, tasse, stickers, j’en passe…

L’accès est filtré au plateau de Millevache pour bloquer les voitures, s’en suit un petit chemin un peu gras par endroits avant de découvrir le site : Un grand prè dégagé sur la gauche, pentu, jouxté d’un bois ; Sur la droite un autre pré, plus petit, poursuit la pente et dévalle vers quelques bosquets. On est bien en Corrèze, tout en verdure, juste assez de relief pour donner aux payages les couleurs d’une campagne chaleureuse aux heures dorées du soleil. Au bord du chemin, un solide barnum blanc est installé, pas celui de tante gisèle pour les 50 ans de son homme, non, the barnum, XXXL, le fameux abreuvoir, s’apprête à nous recevoir. J’avais pris contact avec Oliv’, un ami qui devait lui aussi venir, avec plusieurs membres de sa famille : Ils nous ont gardé un peu de place, il nous suffira juste de grimper un peu à la lisière du bois où ont été installé des plaques métalliques, le « chemin de fer », pour éviter de s’embourber tout de suite.

Nous installons nos tentes et nous laissons porter par l’ambiance, Oliv’ et son frère ont déjà lancé le braséro, bonne idée vu la température qui frise rapidement le zéro.. …par au dessous.

Le temps de faire un tour rapide sur le site, de découvrir l’ambiance de l’abrevoir, nous retournons autour du braséro pour une soirée animée par les jeunes ambianceurs, l’esprit est bon-enfant, la nuit est tombée, les motards continuent d’affluer, Oliv’ et son frère nous offrent à manger, il y en a pour les sages et les fous, d’ailleurs leur campement sent l’expérience avec même une « toile de tente/WC avec siège et sac poubelle »… Installation qui suscite l’admiration, tout comme les attelages faits maison, ci et là et les bidouilles de génies et des plus improbables. C’est ça en fait le truc, on retrouve l’essentiel, la base de la pyramide Maslow. Les classes sociales, les préférences pour une marque, un modèle, un genre de machine ou de pratique, ça n’a plus d’importance, on est tous motards, on est là mis à la même enseigne devant les besoins aussi essentiel que de ne plus avoir ni froid ni faim. Rapidement, la fatigue s’installe, bonne nuit les petits…

J’ai placé une couverture de survie sous mon matelas autogonflant, mes deux duvets, une couverture au dessus, j’ai dormi au chaud en sous-vêtements bien que le thermomètre soit descendu à quelque chose comme -6°c. C’est le samedi matin, je me couvre et retrouve les copains autour du feu pour avaler un morceau et passer cette journée à faire le tour à pied de toutes les quelques 3000 motos présentes, se poser un peu à l’abrevoir pour une soupe, un café ou une bière, mais à ce froid, ce n’est pas trop ma première intention. L’alimentation du feu nous fait faire quelques aller/retour au tas de bois mis à disposition.

Objectivement, sur la journée, à part marcher, discuter et manger, on ne fait rien. Mais discuter, ça prend du temps quand même ! Il suffit de demander à un passionné céquoidon en passant devant une BFG… Ici c’est aussi le domaine des sides Ural et autres puristes en MZ, Jawa, diverses incongruités transgenre, transmarqes… Oui, tu vois, la taquinerie, c’est aussi ça qui permet de passer des heures à rigoler de rien. Certains customs rutilants ont osé la gadoue, moi, passer un temps fou à nettoyer une machine couverte de chromes, comment dire… C’est beau, hein, je dis pas. Mais dans l’espèce de tourbe qui compose ce pré où des vaches paissaient il y a encore quelques heures, vu la fraicheur des bouses, c’est un peu dommage.

Ce samedi est assez froid, il n’a presque pas dégelé de la journée. Tellement peu que peut-être pas du tout, je ne me rappelle plus. Des jeunes installés la veilles à côté ont décidé de lever le camp, trop froid. On récupère leurs provisions de steacks… …que je retrouverai congelés le soir dans la valise de la BM : Et voilà encore une occasion de rigoler, la valise qui se prend pour un congélateur…

Là, tintin, ça pèle sévèrement ! La soirée est animée, mes camarades décident d’aller se coucher l’estomac vide pour être plus vite calés au fond de leurs duvets, je prends le temps d’un solide repas chaud, steack patates, et non de d’la ! Au pieu ! Et oui, je sens en me couchant que on doit déjà être à la température du réveil, donc je me couvre un peu plus, sous-vêtements thermique, chaussettes, bonnet, en boule dans les duvets, ça va, je sens le froid rayonner du sol dès que que quitte la surface tu matelas. Le feu d’artifice est tiré, je ne le verrai même pas… Je ne l’entendrait d’ailleurs pas !!! Réveillé vers 3 heure du matin, j’apprécie le calme, 3000 personnes, pas un bruit, j’entends juste un pauvre gars grelotter dans sa toile de tente, je n’ai pas chaud. Mais je n’ai pas froid, je finis ma nuit tranquillement et me réveille satisfait de l’ensemble des précautions efficaces ! En sortant doucement des duvets, je m’habille progressivement pour ne pas choper froid dès le départ. Ma bouteille d’eau, dans ma toile, n’est plus qu’un bloc compact de glace. Le réveil du dimanche matin se fait sur une nature givrée et un ciel pastel, les motos sont blanches, c’est la surenchère des thermomètres : -9°c mais ça a remonté, -13°c tout à l’heure et dans le bas, -15°c ! Ha ouai. Quand même… Ça met de bonne humeur, une bonne nuit, un réveil dans ce paysage de givre et de douces couleurs matinales. Il faut tout ranger maintenant, un dernier café, bouger pour ne pas geler, je crame mes chaussettes sur le braséro sans m’en rendre compte, j’ai froid aux pieds quand même, mes après-ski premier prix n’ont pas des semelle qui isolent bien… Dernier doute commun à tous, les batteries des machines ont-elle supporté le froid ? Certaines démarrent à la poussette sur le chemin de fer, ma verte BM démarre fièrement, comme si de rien était ! Klong, première et c’est parti, route du retour sans encombre : Ça aurait été beau. Thierry flingue l’embrayage du Goldwing littéralement en sortant du site. Il peinera à rouler quelques dizaines de kilomètre dans une odeur de cramé. On part ensemble, on revient ensemble, mais il faut savoir arrêter avant de risquer de gros dégâts sur une mèmère qui accuse plus de 300 000 km ! Désolé d’abandonner ainsi Thierry aux mains d’Inter-Mutuelles-Assistance, nous rentrons, les température s’élèvent au fur et à mesure du trajet, à Limoges un petit grésil, il fait 0°c mais je m’en moque, mon esprit est resté quelques centaines de kilomètres derrière, dans le froid du plateau, dans la chaleur du moment.

Je retrouve la maison, j’ai l’impression qu’il y fait une chaleur pas possible avec ces 19°c ! Je finirai le dimanche soir mes grillades dehors… …sous la neige… En rigolant de mon ânerie.


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